Beauté de la pauvreté



Il serait bien présomptieux d'affirmer que 15 jours passés à Madagascar suffiraient à connaître ce pays.
Toutefois, cette immersion en territoire malgache nous a permis de découvrir ô combien la pauvreté pouvait dégager de la beauté au travers des paysages et des différentes ethnies que nous avons rencontrées.

Empruntant la RN7, direction le Sud, notre périple nous a menés de la montagne (Tana, Antsirabe) à la mer (Manakar, Tulear,...). Les paysages sont très diversifiés selon les régions, allant de forêts primaires, donc très humides au désert, proche d'un décor de Far West !
Le sol malgache est généralement très fertile : quel que soit l'endroit, des cultures sont possibles : des plantations de manioc aux rizières, on trouve toutes variétés de légumes communs aux pays européens (carottes, pommes de terre, poireaux, cresson,...). Là où la végétation est luxuriante, Dame Nature offre généreusement ses délices (bananiers, goyaviers, cocotiers, papayiers..) et autres plantes aux vertus médicinales avérées.

Il est bien regrettable que ces paysages féériques aient été victimes au long des années, d'une déforestation massive due en grande partie au développement économique (exportation de bois nobles : ébène, palissandre, bois de rose) et aux besoins de construction et chauffage. Aujourd'hui, l'écosystème est menacé : la surface forestière ne représente plus que 10 à 16% du domaine qu'elle occupait, laissant Madagascar en proie à d'importants glissements de terrains lors de passages de cyclones ou de pluies diluviennes et de disparition d'espèces végétales et animales.

Au gré de nos déplacements dans ce décor magnifique, nous avons traversé quelques villages où l'activité se concentre autour du marché ! Que de couleurs sur les étals qui, dans les plus petits villages ne proposent que 5 tomates ou 6 oeufs!
On évolue entre poules, poussins et troupeaux de zébus destinés à la vente quelques km plus loin.

Puis, au milieu de nulle part, ou entre 2 feuilles de bananiers surgissent des visages souriants, d'enfants qui saluent notre passage d'un "Bonjour Wasaha (étranger)! "; et si d'aventure, on glisse un regard dans une case, alors un nous montre comment il répare son filet de pêche, une autre trie le riz pour le repas de midi, 1 adolescente nous montre l'art de la tresse à l'aide de rajouts sur la tête de son amie, 2 hommes préparent le feu pour la cuisson du riz et du poisson et plus loin, dans une case, on nous convie à partager le verre de l'amitié (rhum arrangé) au milieu d'une ronde où les femmes entonnent des chants traditionnels !!

C'est un accueil chaleureux qui nous est réservé à chaque halte dans les villages, cependant on constate vite que l'Ecole n'est pas une priorité pour la plupart des enfants, qui, selon l'usage, sont voués à seconder leurs parents aux tâches ménagères, travaux des champs ou la pêche...

Que dire des soins ? Aucune plaque de médecin ne figure dans le décor de ces villages les plus reculés, et combien même.... Comment ces villageois pourraient honorer les frais médicaux ? eux qui ne vivent essentiellement que de trocs entre villages ! Le salaire moyen est de 20 à 30 € en zone urbaine dotée d'une vie économique rudimentaire, cela laissant peu de places aux "écarts budgétaires" des ménages.

L'instabilité politique ne permet pas au gouvernement actuel de développer des actions à l'égard de la population, néanmoins des accords avec diverses ONG ont été actés, autorisant les missions locales contre les carences dans les domaines environemental, médical et éducatif. Essentiellement italiennes et françaises, selon leur champs de compétences, certaines oeuvrent contre la déforestation et participent au reboisement (plantation d'arbres à croissance rapide), d'autres installent des dispensaires gratuits au coeur des villages retirés (lutte contre la malnutrition et suivi médical des enfants), et d'autres enfin, soutiennent les écoles publiques pour l'entretien des locaux, pour les fournitures scolaires, répondent aux besoins alimentaires de base et n'hésitent pas parfois à impulser les programmes pédagogiques).

Témoin de ce travail considérable, je tiens à rendre hommage au travail considérable fourni par les membres actifs de l'association "Jeunes écoliers du monde" qui, pour 4 écoles, déploient une énergie débordante et plus encore !
Bravo pour cette initiative !